Origines :
Tout au long de l’histoire, des groupes de chrétiens ont cherché à vivre fidèlement leur foi. Ainsi naquirent, parfois en marge des Eglises établies, des communautés qui tentaient de retrouver la simplicité des Eglises primitives, s’attachaient à l’Ecriture et témoignaient de leur foi.
Les Eglises Vaudoises du Piémont en sont un exemple à la fin du Xll siècle. Cent ans plus tard, les prédicateurs moraves réclamaient une piété du coeur basée sur l’expérience de la repentance et du pardon. La Réforme protestante, au XVle siècle, redécouvrait la Bible et la diffusait, tandis que les anabaptistes soulignaient l’importance du baptême des croyants. Le mouvement méthodiste et les grands évangélistes des XVIIIe et XIXesiècles amenaient à la foi des foules immenses. De cette époque datent aussi les premières grandes missions protestantes.
Les Communautées et Assemblées Evangéliques de France comme bien d’autres Eglises Evangéliques, veulent suivre les traces de tous ces croyants attachés à la Parole de Dieu. Voici en quelques lignes leur histoire :
Les CAEF : Les premières communautées britanniques
Vers 1825, à Dublin (en Irlande quelques chrétiens avaient pris l’habitude de se retrouver pour partager en toute simplicité le repas de la communion institué par Jésus-Christ Ils venaient d’églises différentes qui, pour des raisons doctrinales ou historiques, n’avaient pas de relations entre elles. Leur désir était de manifester l’unité des enfants de Dieu au-delà des barrières confessionnelles.
Parmi les tout premiers se trouvaient Anthony N. GROVES, John G. BELLET, Edward CRONIN, lord CONGLETON, des hommes cultivés et de grande spiritualité. D’autres les rejoignirent dans les années suivantes, B.W. NEWTON, R. CHAPMAN, J.N. DARBY (en 1828) ; ils surent affermir dans la foi les communautés naissantes et les développer. D’autres groupes de croyants désireux d’étudier la Bible s’unirent à eux.
Des assemblées similaires se formèrent en Angleterre et au Pays de Galles. Elles se réunissaient de manière informelle et libre, sans liens organiques les unes avec les autres, ne visant pas du tout à fonder une nouvelle dénomination, ni à sortir des églises existantes.
Au début, chaque participant continuait à fréquenter sa propre église. Mais à la prière, à l’étude de la Parole de Dieu et au partage de la cène, on ajouta bientôt le baptême des croyants. Ces chrétiens furent vivement critiqués, voire rejetés par leurs églises d’origine, ce qui provoqua une séparation entre celles-ci et les nouveaux groupes.
En Angleterre, les plus importantes des nouvelles communautés furent celles de Bristol et de Plymouth. Cette dernière publia dès 1832 un périodique, Le Térnoignage Chrétien qui la fit connaître ; et l’on nomma bientôt les membres de ces assemblées « Frères de Plymouth ». Par la suite, on les désigna un peu partout dans le monde simplement du nom de « Frères » ou « Assemblées de Frères ». Ainsi se constitua peu à peu une nouvelle famille spirituelle !
Les CAEF : Croissance et multiplication
A partir de 1830, les Assemblées de Frères connurent un rapide essor. Celle de Bristol par exemple, à laquelle se rattachait Georges MULLER (le fondateur bien connu des orphelinats), compta bientôt mille membres. Ces croyants prenaient à la lettre la promesse de Jésus d’être présent « là où deux ou trois se réuniraient en son nom » ; ils croyaient fermement que Dieu subviendrait à leurs besoins spirituels et matériels.
Peu à peu, J.N. Darby, doué de qualités éminentes et d’un grand ascendant personnel, imposa ses propres conceptions sur un certain nombre de points (en particulier l’apostasie de la chrétienté, une discipline intransigeante en matière de communion ecclésiastique, le baptême des enfants). Il rejeta certains frères, ce qui divisa les nouvelles communautés dès 1847 ; bon nombre d’entre elles adoptèrent ses enseignements.
Malgré tout, dans les décennies qui suivirent, les Assemblées, animées d’un grand zèle missionnaire, se multiplièrent. Elles envoyèrent des prédicateurs dans de nombreux pays du monde. On trouva bientôt des « Frères » en Suisse, en Italie, en Espagne, en Allemagne et dans bien d’autres Etats des cinq continents, jusqu’en Australie et en Nouvelle- Zélande.
Dans certaines régions, ces Assemblées sont aujourd’hui très nombreuses : en Espagne, elles représentent le plus important groupement évangélique ; en Grande-Bretagne, on estime leur nombre à 1400, en Roumanie à 350, au Canada à 700. Au Tchad, elles sont près de 800. Selon l’encyclopédie de D. BARRET, les Assemblées de Frères comptaient 1.850.000 membres dans le monde en 1985.
Les CAEF : Les Assemblées Françaises
Vers la fin du XIX’ siècle, les Assemblées firent leur apparition en France. Des communautés se créèrent à Cannes, à la Bocca, à Vallauris, à Die, à Nice et en d’autres villes, sous l’impulsion de frères venus d’Italie (parmi eux, la famille ARNERA), de Suisse, de Grande-Bretagne.
René ZINDER, originaire de Suisse, parcourut l’Auvergne dès l912 et créa avec Robert HOY l’assemblée de Vichy en 1928, puis celle de Clermont- Ferrand. Edmond SQUIRE, après un temps de ministère en Suisse, fut dans les années 1920 à l’origine des assemblées de Lyon et de GrenobIe.
Celle de Roanne s’ouvrit en 1921 avec Jean ANDRE et Paul BONNEFOND, hommes d’affaires chrétiens, qui furent des piliers des jeunes églises.
George IONES se consacra à l’Ile-de-France dès 1926, et Cecil CATTON à partir de 1930 à la région lyonnaise, à la Bretagne et au Sud-Ouest.
Il serait trop long d’énumérer tous les hommes de valeur que Dieu suscita avant et après la seconde guerre mondiale, et qui furent des pionniers dans divers domaines. Citons tout de même Marc ERNST, directeur d’école à Lyon, organisateur en 1946 du premier camp de jeunes des Assemblées de France, dans le Pays de Gex, puis au Chambon-sur-Lignon ; il créa aussi la revue SERVIR en L’attendant, premier lien entre les Assemblées françaises.
En 1950, Pierre BORY fonda celle de Villefranche-sur-Saône, ainsi que la maison de retraite « La Clairière » à Montmelas en 1969. Pour prendre en charge cette institution, il créa avec quelques amis la première association « Entraide Evangélique » qui connut par Ia suite un important développement dans diverses directions : édition de calendriers, soutien financier d’oeuvres et de serviteurs, mission, etc.
Plusieurs vinrent d’Afrique du Nord, d’Espagne, de Suisse, et travaillèrent avec les frères français. M. et Mme JOHNSON fondèrent un orphelinat à Lannion où la première assemblée bretonne se réunit. Herbert BEATTIE, de Grande-Bretagne, développa le travail à Paris, et fut pendant des années un visiteur apprécié, formateur et pasteur, des petites communautés disséminées un peu partout en France.
Plus près de nous, Ralph SHALLIS fut apprécié par son ministère d’enseignement dans les Eglises et par ses livres ; il sut entraîner des équipes de jeunes collaborateurs qui sont encore à l’oeuvre actuellement.
En 1971, on comptait environ 40 Assemblées Evangéliques en France. Aujourd’hui des églises vivantes se développent et essaiment, de nouveaux groupes se forment ici ou là. En 2002, on dénombre une centaine d’Assemblées Evangéliques dans les diverses régions de la métropole, et quelques-unes dans Ies départements d’outre-mer.
Les Communautés et Assemblées Evangéliques de France collaborent activement et tissent des liens étroits avec celles d’autres pays tels que Suisse Romande, Grande-Bretagne, Canada, Tchad, Allemagne, Nouvelle Zélande. Des relations s’établissent aussi avec d’autres unions d’Eglises Evangéliques.
La manifestation de l’unité spirituelle, qui existe entre tous les chrétiens ayant mis leur foi en Jésus-Christ comme seul Sauveur et fidèles à sa volonté exprimée dans les Saintes Ecritures, reste une préoccupation majeure des Communautés et Assemblées Evangéliques, comme au siècle dernier.